Encadrement des loyers à Marseille : une mesure nécessaire pour lutter contre la crise du logement ?

Face à la crise du logement qui touche de nombreuses villes en France, l’encadrement des loyers est une mesure qui refait surface dans le débat public. À Marseille, cette proposition suscite questions et controverses. Alors que certains y voient un moyen de protéger les locataires et de réguler le marché immobilier, d’autres estiment que cela pourrait freiner l’investissement et aggraver la situation. Dans cet article, nous examinons les tenants et aboutissants de cette mesure, ainsi que les enjeux spécifiques à la ville phocéenne.

Qu’est-ce que l’encadrement des loyers ?

L’encadrement des loyers est une mesure qui consiste à limiter les augmentations de loyers lors de la relocation ou du renouvellement du bail. En France, cette mesure a été instaurée par la loi ALUR en 2014, puis supprimée en 2017 avant d’être rétablie en 2019 dans certaines villes volontaires comme Paris et Lille. L’objectif principal est de protéger les locataires face aux hausses de loyer abusives et de favoriser l’accès au logement pour tous.

Marseille face à la crise du logement

Marseille est la deuxième plus grande ville de France avec plus de 860 000 habitants. La cité phocéenne connaît depuis plusieurs années une forte pression démographique et une pénurie de logements, notamment dans le parc locatif. Selon l’INSEE, entre 2013 et 2018, le nombre de logements vacants a augmenté de 16 %, tandis que le nombre de ménages a progressé de seulement 4 %. De plus, la ville est marquée par un fort taux de logements insalubres, estimé à près de 10 % selon l’Agence régionale de santé (ARS).

Cette situation a des conséquences sur les loyers : entre 2000 et 2020, ceux-ci ont augmenté en moyenne de 40 % selon l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP). Les quartiers les plus touchés sont le centre-ville et les secteurs touristiques, où la demande locative est forte.

Les arguments en faveur de l’encadrement des loyers à Marseille

Pour ses défenseurs, l’encadrement des loyers à Marseille apparaît comme une solution pour protéger les locataires face aux hausses abusives et favoriser l’accès au logement. En limitant les augmentations, cette mesure pourrait permettre de réduire les inégalités entre les quartiers et d’éviter que certains ne deviennent inaccessibles pour les ménages modestes.

Selon une étude réalisée par la Fondation Abbé Pierre en 2020, près d’un tiers des locataires marseillais consacrent plus de 40 % de leurs revenus au paiement du loyer. L’encadrement pourrait ainsi contribuer à alléger cette charge financière et à prévenir les expulsions locatives.

Les critiques de la mesure

Cependant, l’encadrement des loyers ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs estiment qu’une telle mesure pourrait freiner l’investissement immobilier et donc aggraver la pénurie de logements. En effet, si les propriétaires ne peuvent plus augmenter librement leurs loyers, ils pourraient être moins enclins à investir dans la rénovation ou la construction de nouveaux logements.

D’autres critiques mettent en avant le risque d’une baisse de la qualité des logements proposés à la location. Si les loyers sont encadrés, les propriétaires pourraient être tentés de réduire leurs dépenses liées à l’entretien et aux travaux, ce qui pourrait contribuer à dégrader davantage le parc locatif marseillais.

L’encadrement des loyers : une solution parmi d’autres

Face à ces critiques et aux enjeux spécifiques de Marseille, certains experts estiment que l’encadrement des loyers ne peut être qu’une solution parmi d’autres pour résoudre la crise du logement. D’autres mesures complémentaires pourraient être envisagées, telles que :

  • La construction de logements sociaux pour répondre à la demande croissante ;
  • L’amélioration de l’offre de logements intermédiaires pour les ménages modestes ;
  • La réhabilitation des logements insalubres et la lutte contre l’habitat indigne ;
  • La régulation des plateformes de location touristique, qui contribuent à réduire l’offre locative pour les résidents.

L’encadrement des loyers à Marseille est donc une mesure qui divise. Si elle peut contribuer à protéger les locataires et à réduire les inégalités territoriales, elle ne saurait être la seule réponse à la crise du logement dans la cité phocéenne. Une approche globale et concertée semble nécessaire pour apporter des solutions durables et adaptées aux enjeux locaux.